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crains d’expier les vives agitations que je me suis données en écrivant des vers. Pour philosopher, il suffit de la moitié de l’homme ; l’autre moitié alors peut reposer : mais les Muses épuisent tout. » Quelques jours après il revint sur cette même idée, et il dit : « Mon travail me condamne à un trop grand effort : le philosophe peut laisser reposer son imagination, et le poëte son pouvoir d’abstraction ; mais moi, il faut que j’exerce ces deux facultés, et je n’arrive que par une tension continuelle d’esprit, à rallier ces deux éléments hétérogènes, et à leur donner une solution. »

Une autre fois, il écrivait : « Pour une heure de résolution et de confiance, il y en a dix où je suis faible, découragé, et où je ne sais plus que penser de moi. »

« Ce qui causait en grande partie, a dit M. Hoffmeister, ces inquiétudes de Schiller, c’était la comparaison qu’il faisait de ses propres œuvres avec celles de Goethe. Il éprouvait un profond sentiment d’admiration pour les poésies de son heureux émule, qui lui représentaient les plus belles qualités du génie grec. Persuadé qu’il ne pouvait atteindre à cette forme enviée, et oubliant sa propre valeur, il se demandait s’il n’avait pas tort de persister dans la voie où il s’était en-