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Ne suis-je pas la reine des Dieux, la sœur de celui qui tient le tonnerre, l’épouse du puissant Jupiter ? les régions célestes n’obéissent-elles pas à mes ordres ? et la couronne olympique ne pare-t-elle pas ma tête ? Ah ! je sens ce que je suis ! Dans mes veines immortelles bouillonne mon sang royal, et mon cœur divin s’agite ! Vengeance ! vengeance ! cette femme m’offenserait-elle impunément ? Pourra-t-on impunément semer la discorde parmi les Dieux éternels dans les joyeuses assemblées de l’Olympe ? Vaine et folle créature, meurs et apprends sur les bords du Styx à distinguer la différence qui existe entre une nature divine et une misérable poussière ! Que ton armure gigantesque t’écrase ! que ton amour ambitieux t’anéantisse ! Je descends de l’Olympe armée pour la vengeance, j’ai médité de douces et trompeuses paroles, d’insidieux discours qui recèlent la punition et la mort.

Paix ! J’entends ses pas : elle vient ; elle marche à sa perte. Cache-toi, Divinité, sous un vêtement mortel. (Elle s’éloigne.)

Sémélé.

Déjà le soleil est sur son déclin ; jeunes filles, hâtez-vous ! répandez dans la salle de doux parfums ; semez de tous côtés les roses et les narcisses ! N’oubliez pas non plus les coussins tissus d’or. Il ne vient pas : déjà le soleil est sur son déclin.