Scène première.
Éloignez-vous, oiseaux qui traînez le char de Junon, attendez-moi sur les cimes nébuleuses du Cithéron. (Le char et les nuages disparaissent.) Salut à toi, maison de ma colère, salut à toi, demeure ennemie, seuil abhorré ! Voici donc le lieu où Jupiter commet ses forfaits à la face du jour, où une femme, une mortelle, une créature de poussière, a l’audace d’arracher de mes bras le Dieu de la foudre et de l’enchaîner à ses baisers. Junon ! Junon ! tu es seule, abandonnée sur le trône du ciel ! l’encens fume sur tes autels et tous les genoux s’inclinent devant toi ; mais sans l’amour, qu’est-ce que l’honneur, qu’est-ce que le ciel ? Malheur ! pour humilier ton orgueil, il a fallu que Vénus sortit des ondes : son regard magique a jeté le trouble dans le cœur des hommes et des Dieux. Malheur ! pour augmenter ta honte, il a fallu qu’Hermione devint mère, et c’en est fait de ton repos.