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DÉSIR.

Ah ! si je pouvais trouver une issue à cette vallée profonde, sur laquelle pèse un froid nuage, oh ! que je serais heureux ! Là-bas j’apercevrais les belles collines toujours riantes et toujours vertes. Que n’ai-je des ailes pour m’élancer vers ces collines !

J’entends résonner les douces harmonies du ciel, et des vents légers m’apportent des parfums balsamiques. Je vois briller des fruits d’or sous un épais feuillage, et les fleurs qui s’épanouissent là ne seront la proie d’aucun hiver.

Oh ! qu’il doit être doux de vivre à cet éternel rayon de soleil ! que l’air de ces collines doit être rafraîchissant ! Mais un torrent fougueux me sépare de cette contrée, et la fureur des vagues épouvante mon âme.

Je vois une nacelle se balancer sur l’onde ; mais, hélas ! je ne vois point de batelier. Allons, courage ! n’hésitons pas, les voiles sont enflées ; il faut croire, il faut oser, sans attendre l’assurance des Dieux. Le miracle seul peut te porter dans la terre du miracle.