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vori du ciel, les plus braves guerriers ont été précipités dans les enfers. Ne t’irrite point contre la beauté, de ce qu’elle est belle sans l’avoir mérité, de ce qu’elle brille comme le calice par la faveur de Vénus. Laisse-lui son bonheur, regarde-la, et tu seras heureux. Sans l’avoir mérité, elle jouit de son éclat, et sans l’avoir mérité elle te ravit. Réjouis-toi d’entendre le poëte auquel le Ciel accorde le don du chant : c’est un Dieu qui l’anime, et pour ceux qui l’écoutent il doit être Dieu. Il est heureux de sa mission, sois heureux de l’entendre. Thémis tient au milieu des hommes sa balance, et distribue d’une main sévère ses récompenses ; mais la joie ne vient que des Dieux : là où il n’y a point de miracles, il n’y a point d’être heureux. Tout ce qui est humain doit naître, grandir, se développer et changer de forme avec le temps. Le bonheur et la beauté ne se développent point ainsi, ils apparaissent accomplis en un instant. Chaque Vénus de ce monde est, comme celle de l’Olympe, issue tout à coup de l’Océan infini, et chaque pensée lumineuse est, comme Minerve, sortie de la tête de Jupiter avec l’égide sur la poitrine.