Page:Poésies de Schiller.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sa libre jeunesse[1]. Il est des hommes qui par le fait même d’une telle situation deviennent poëtes, qui dans l’orage de leur cœur trouvent une plainte harmonieuse. Mais il en est aussi sur lesquels les rigueurs de la fortune ne produisent qu’une fière révolte, et qui, au lieu d’exhaler leur douleur en soupirs poétiques, les renferment en eux, comme ces fleurs qui, aux atteintes d’un vent froid, referment les bords de leur coupe sur leurs frêles étamines. Schiller était un de ces hommes fortement trempés. Les tristesses qu’il a eues, il ne les a point, pendant longtemps, répandues dans le calice de la poésie lyrique, de la poésie intime ; elles ont débordé à flots impétueux dans les divers caractères, dans les péripéties de ses drames.

Lorsqu’il fut entré à Iéna dans une position matériellement encore très humble, mais du moins plus stable et plus paisible que celle qu’il avait eue jusque là ; lorsqu’il eut joint à ses fonctions de professeur la rédaction du recueil mensuel connu sous le nom des Heures (Die Horen), il revint par une pente naturelle au chant lyrique et fit imprimer plusieurs pièces dans ce recueil et dans un almanach qu’il entreprit de publier

  1. Voyez la biographie mise en tête de la traduction de son Théâtre.