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soumis à la magie puissante de l’amour : le regard de Pluton s’adoucit au sourire de la fille de Cérès. L’amour éclaire l’empire des ténèbres.

Tes chants, Orphée, retentissaient harmonieusement dans les enfers, ils subjuguèrent le terrible gardien des rives sombres. Minos, les yeux humectés de larmes, rendit des sentences moins rigoureuses ; les serpents furieux baisèrent avec tendresse les joues de Mégère, et le bruit des fouets fut suspendu. Le vautour de Tithion s’enfuit, chassé par la lyre d’Orphée : le Léthé et le Cocyte s’arrêtèrent sur leur rivage pour entendre tes chants, ô poëte, car tu chantais l’amour.


C’est par l’amour que les Dieux sont heureux ; c’est par l’amour que les hommes ressemblent aux Dieux : l’amour rend le ciel plus beau et fait de la terre un séjour céleste.

À travers l’éternelle nature, les traces de l’amour sont semées de fleurs, et partout flottent ses ailes d’or. Si l’œil d’Aphrodite ne m’apparaissait pas dans les rayons de la lune, si l’amour ne me souriait pas dans les rayons du soleil, dans l’océan des astres, les astres, le soleil et la lune n’animeraient point mon âme. C’est l’amour, l’amour seul qui se reflète dans la nature comme dans un miroir.