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LES PLAINTES DE CÉRÈS.

L’aimable printemps est-il revenu ? La terre est-elle rajeunie ? Les collines reverdissent, et la glace se brise. Dans les fleuves limpides comme des miroirs, le ciel se reflète sans nuage. Plus doux est le souffle des zéphyrs, les tendres rameaux ouvrent leurs bourgeons. Dans les bois résonnent les chansons, et l’Oréade dit : Tes fleurs reviennent, ta fille ne revient pas.

Hélas ! combien voilà de temps que j’erre et que je la cherche à travers les campagnes ! Titan, j’ai employé tes rayons pour découvrir ses traces, et nul rayon n’a éclairé son doux visage, et le jour qui découvre tout n’a pas découvert celle que j’ai perdue. Jupiter, me l’as-tu enlevée ? Pluton, ébloui de ses charmes, l’a-t-il emportée dans le sombre empire ?

Qui sera mon messager sur les rives ténébreuses ? La nacelle revient sans cesse vers la terre, mais il n’y entre que des ombres. L’entrée des enfers est interdite à l’œil des vivants, et depuis que le Styx coule, il n’a porté aucun être vivant. Des milliers de