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Le léger plaisir des sens fut proscrit, et l’homme rentra pensif en lui-même.

Et il disparut le frivole, le voluptueux charme qui réjouissait l’heureuse jeunesse du monde. Le moine et la nonne se macérèrent le corps ; le chevalier bardé de fer courut au tournois. Mais si la vie était alors sombre et terrible, l’amour lui conservait sa grâce et sa douceur. Les Muses paisibles restèrent fidèles à l’autel chaste et sacré ; la noblesse, la pureté des mœurs se perpétuaient dans l’âme pudique des femmes, et la fidélité de l’amour et les doux sentiments enflammaient le génie du poëte.

Voilà pourquoi un doux lien doit à jamais réunir les poëtes et les femmes. Ils doivent marcher ensemble et former ensemble l’alliance du beau et du juste ; le chant et l’amour réunis conservent à la vie l’apparence de la jeunesse.