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le poëte représente l’image du tout infini dans l’accord rapide d’un instant d’inspiration.

Il vient de l’âge primitif du monde, de l’époque où les peuples goûtaient la joie de la jeunesse. Heureux voyageur, il s’est associé à toutes les races et à tous les temps ; il a vu quatre âges de l’humanité, et il les voit arriver à un cinquième.

D’abord ce fut Saturne, dont le règne fut doux et équitable. Alors la veille était comme le lendemain. Alors vivait la race inoffensive des pâtres ; ils n’avaient aucune sollicitude ; ils aimaient, et ne faisaient rien de plus : la terre leur donnait tout sans effort.

Puis vint le travail, la lutte contre les monstres et les dragons. Alors apparurent les héros, les maîtres et les faibles cherchèrent l’appui du fort. La lutte s’établit dans les champs du Scamandre et la beauté resta toujours l’idole du monde.

La victoire couronna le combat, la force enfanta la douceur. Alors on entendit chanter le chœur céleste des Muses ; alors s’élevèrent les images des Dieux, ce fut l’âge de la divine fantaisie. Il s’est évanoui, il ne reviendra jamais.

Les Dieux tombèrent de leur trône Olympique, les colonnes superbes furent renversées, l’enfant de la Vierge naquit pour guérir les plaies du monde.