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puérils pygmées que le feu de Prométhée n’anima jamais, faibles êtres de transition entre l’instinct et la pensée, entre les parodies du singe et l’élévation de l’homme. »

Puis il anathématisait les sottises de l’aveugle superstition, le masque de l’hypocrisie, et il disait à Rousseau : « Va, ô pauvre victime de ces fureurs de vipères, va-t’en, libre et joyeux, dans les champs de la mort, et raconte dans le monde des esprits cette guerre stupide des rats et des grenouilles, ces palinodies de la foire de cette vie. »

Dans cette même Anthologie, le jeune poëte publiait aussi une pièce politique que plus tard il n’a pas voulu réimprimer. Elle avait pour titre : les Méchants Monarques. C’est l’une des satires les plus passionnées et les plus virulentes qui aient jamais été dirigées contre les vices et les abus du pouvoir, du despotisme.

À côté de ces pièces épigrammatiques, amères, qui portaient la vive et parfois trop violente empreinte des généreuses colères de la jeunesse, l’Anthologie offrait au lecteur toute une série d’odes tendres, gracieuses, idéales : l’ode à l’Amitié, le Triomphe de l’amour et les hymnes à Laura, hymnes extatiques qui touchent à peine par un fugitif mouvement de sensualité à la vie réelle et