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vaines rumeurs de la joie se taisent, tout masque tombe, et devant l’image victorieuse de la vérité toute œuvre de mensonge disparaît.

Ainsi, lorsque le chant résonne, l’homme se dégage de tout vain fardeau, pour prendre sa dignité intellectuelle et sentir une force sainte. Aussi longtemps que dure la magie des chants, il se sent plus près des Dieux ; rien de terrestre ne doit arriver à lui, toute autre puissance doit rester muette, nulle douleur ne l’atteint, et les rides de la sollicitude s’effacent.

De même qu’après les larmes d’une longue séparation, après les désirs sans espoir, un enfant se précipite sur le cœur de sa mère avec les larmes du repentir ; de même le chant ramène des régions étrangères le cœur fugitif, au bonheur de son innocence ; les froides règles le glaçaient, la nature fidèle le réchauffe.