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s’était choisi, le rhythme qui lui servait de modèle. En s’abandonnant un jour à un mouvement de fougueuse inspiration, il avait en quelques semaines accompli une œuvre d’une rare hardiesse, et obtenu un éclatant succès. Maintenant, il s’en allait plus libre et plus fort, oubliant les liens trop étroits dans lesquels il s’était lui-même enlacé, et peignant tantôt avec une virile énergie, tantôt avec une grâce suave, tantôt avec une généreuse colère, ses propres émotions.

On trouve dans l’Anthologie un grand nombre de pièces de différents tons et de différentes natures, dont la plupart ont été conservées dans le dernier recueil des œuvres lyriques du poëte, les unes en entier, les autres modifiées, corrigées, et parfois considérablement abrégées par lui.

Telle est entre autres celle qui a pour titre : Rousseau, dont Schiller n’a gardé que deux strophes[1] et qui primitivement en avait quatorze. Dans cette pièce, il dépeignait les souffrances du philosophe errant de contrée en contrée et s’écriait avec un amer sarcasme : « Qui donc sont-ils, ceux qui jugent les sages ? Vile écume de l’esprit qui disparaît devant le regard étincelant du génie,

  1. La première et la sixième.