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cueillent la fleur du moment et l’entretiennent avec des soins touchants ; plus libres que l’homme dans leur cercle restreint, plus riches que lui dans les domaines de leur savoir, dans les immenses trésors de la poésie.

Fière et superbe, se suffisant à elle-même, l’âme froide de l’homme ne connaît pas le bonheur de l’union des cœurs, les joies célestes de l’amour. Elle ne connaît pas l’échange des âmes, elle ne se fond pas en larmes affectueuses, les combats de la vie ne font qu’endurcir encore sa dureté première.

Mais l’âme sensible de la femme ressemble à la harpe éolienne qui frémit au souffle léger du Zéphire. L’image de la souffrance jette une tendre anxiété dans leurs cœurs généreux, et les larmes mouillent leurs paupières comme une rosée céleste.

Là où s’étend l’impérieuse domination de l’homme, là règne orgueilleusement le droit du plus fort. Le Scythe brandit son épée, et le Perse devient esclave. Les désirs impétueux et sauvages sont en lutte, et la rude voix des sombres puissances commande aux lieux abandonnés par les Grâces.

Mais avec de douces et persuasives prières, les femmes tiennent le sceptre de la vertu : elle éteignent le feu ardent des dissensions, elles apprennent aux forces hostiles et ennemies, à se contenir sous des formes aimables, et réunissent ce qui toujours se fuit.