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POÉSIE DE LA VIE.

Qui pourrait se repaître d’images mensongères dont la fausse apparence nous cache la réalité et trompe notre espoir par un vain jeu ? Moi, je veux voir la vérité sans voile, dût mon beau ciel disparaître avec mon illusion, dût le sentiment réel des choses enchaîner le vol de mon esprit dans l’immense région des chimères ! n’importe ! mon esprit apprendra à se vaincre lui-même et il n’en sera que plus résigné à la loi sacrée des devoirs, à l’arrêt terrible de la destinée. Comment supporterait-il la nécessité, celui qui s’effrayerait de la douce jouissance de la vérité ?

C’est ainsi que tu parles, mon ami, c’est ainsi que tu considères les choses : retiré dans le port que l’expérience t’a ouvert, c’est ainsi que tu rejettes toute vaine apparence. Effrayé de ta sévérité, l’essaim des Amours s’enfuit, les Muses se taisent, les Heures suspendent leurs danses joyeuses, les trois Grâces enlèvent leurs couronnes de leurs belles chevelures, Apollon brise sa lyre d’or, Mercure son