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La mort est en action, la lutte va commencer, les dés du sort tombent dans les nuages de la poudre.

Les armées se joignent, de peloton en peloton court l’ordre des chefs ; les soldats du premier rang font feu à genoux, beaucoup d’entre eux ne se relèvent pas. La balle fait de longues trouées, le fantassin tombe sur le fantassin qui le précède, la destruction s’étend à droite et à gauche, la mort renverse des bataillons.

Le soleil disparaît : la bataille est brûlante : la nuit s’étend sur l’armée. Recommandez-vous à Dieu, frères, nous nous reverrons dans un autre monde.

Le sang jaillit : les morts succèdent aux morts, les pieds foulent des cadavres. ― « Et toi aussi, Frantz ! ― Salue ma Charlotte ! ― La fureur du combat redouble : je la saluerai. Dieux ! voyez comme les balles sautent derrière nous ; ami, je saluerai ta Charlotte. Dors en paix, je tombe abandonné sous la pluie des balles. »

La bataille s’étend de côté et d’autre, la nuit sombre enveloppe les armées. Recommandez-vous à Dieu, frères, nous nous reverrons dans un autre monde.

Écoutez : on court au galop : les adjudants passent : les dragons s’élancent vers l’ennemi, et ses canons cessent de mugir. Victoire ! frères, la terreur