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Élève tes regards vers les astres flottants, fais-toi raconter leur histoire sous leurs globes, des milliers de printemps ont déjà passé, des milliers de trônes se sont élevés, des milliers de batailles ont retenti d’un bruit sinistre. Cherche dans les campagnes la trace de ces événements : tôt ou tard brisés, les mages retournent dans le cercle des astres.

Regarde maintenant ce soleil éclatant qui se plonge dans la mer ténébreuse. Demande-moi d’où viennent tes fraîches couleurs, d’où vient l’éclat de tes yeux. Peux-tu être fière du sang qui colore ta joue et qui vient d’un impur limon ? Ah ! la mort te prête cette fraicheur avec usure et te la fera payer chèrement.

Ne parle pas des forts. Une joue jeune, colorée, est le plus beau trône de la mort. Derrière ces fleurs de ton visage elle prépare déjà son arc. Crois-moi, c’est la mort même que ton regard languissant appelle, et chaque rayon de tes regards consume la lampe de ta vie. Tes artères, me dis-tu, palpitent encore si vivement. Hélas ! dans leurs palpitations, elles préparent ta destruction.

D’un souffle, la mort fera disparaître ce sourire comme le vent dissipe l’écume légère d’une eau diaprée. En vain tu demandes où est cette mort, elle est dans le printemps de la nature, dans la vie et dans ses germes. Malheureux ! je vois les roses de ta