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Les Faunes et les Satyres courent devant lui. Les Ménades dansent autour de lui ; leur danse fait l’éloge du vin, et les joues rubicondes de l’hôtelier invitent au plaisir de prendre la coupe.

Alors nul spectre hideux ne se plaçait au chevet du mourant. Dans un baiser la vie s’exhalait des lèvres, et un Génie retournait son flambeau. Dans les enfers mêmes c’était le descendant d’une mortelle qui tenait la balance du juge, et les plaintes touchantes du poëte ébranlaient les Furies.

Dans les champs de l’Élysée l’ami retrouvait son ami, l’épouse fidèle retrouvait son époux, le conducteur de chars retrouvait son chemin, le poëte reprenait ses chants accoutumés, Admète tombait dans les bras d’Alceste, Oreste reconnaissait son compagnon et Philoctète ses flèches.

De nobles récompenses fortifiaient le courage de celui qui s’efforçait de suivre le laborieux sentier de la vertu. De grandes actions conduisaient au séjour des bienheureux. La troupe des Dieux s’inclinait devant celui qui venait réclamer un mort, et les Gémeaux étaient placés dans l’Olympe pour éclairer le pilote.

Monde riant, où es-tu ? reviens, âge fleuri de la nature. Hélas ! tes vestiges fabuleux n’ont été conservés que dans les régions féeriques de la poésie.