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Le fils d’Atrée, qui commande ces troupes, a vu les légions qui venaient avec lui sur les bords du Scamandre, et le nuage de la douleur obscurcit son regard. De ceux qu’il a amenés bien peu lui sont restés ; qu’ils chantent gaiement ceux qui vont revoir leur patrie, de ceux qui vivent encore tous ne retourneront pas dans leurs foyers.

Tous ceux qui y retournent ne s’applaudiront pas de ce voyage. Auprès des Dieux Lares le meurtre est préparé : « Plus d’un, dit Ulysse d’une voix prophétique, plus d’un de ceux qui ont échappé à la bataille sanglante sera victime de la trahison d’un ami. Heureux ceux à qui une épouse fidèle conserve une maison chaste et pure ! La femme est d’une nature fausse, et son esprit méchant aime la nouveauté. »

Atride est fier de la femme qu’il a conquise ; il enlace autour de son beau corps ses bras avec volupté : mauvaise œuvre doit avoir mauvaise suite. La vengeance suit le crime, car dans les hauteurs du ciel est le Dieu qui juge et qui punit. Le méchant finira mal. Jupiter châtie d’une main équitable la race perverse et venge les droits de l’hospitalité.

Que celui qui est heureux, s’écrie le brave fils d’Oilée, vante les maîtres du ciel ! ils distribuent leurs dons sans choix, ils donnent la fortune sans équité, car Patrocle est mort et Tirsis est en vie. De même que la Fortune, le Destin est aveugle. Qu’il se ré-