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dans la connaissance de la vie, qu’il trouvait ses images poétiques, mais dans des émotions étrangères, dans les livres qu’il recherchait par le pressentiment secret de sa vocation. « Qu’on ne se figure point, a dit un des amis de sa jeunesse, que les premiers vers de Schiller fussent le résultat facile, naturel, d’une vive et abondante imagination, du mouvement du cœur, de l’inspiration charmante des Muses. Non, ce ne fut qu’après avoir patiemment cherché de côté et d’autre des idées, des formes ; après avoir exercé dans toutes sortes de voies l’activité de son esprit, après de nombreuses et stériles tentatives, qu’il osa publier, en 1777, une ode d’après laquelle les critiques pouvaient à peine deviner l’essor qu’il prendrait un jour. »

« La carrière poétique n’était en ce temps-là, pour lui, qu’un âpre et rude sentier, qu’il côtoyait péniblement en vue d’un but lointain. Éloigné et banni, pour ainsi dire, de la réalité, il essayait de se former un domaine imaginaire, où il luttait lui-même contre les éléments de la vie positive qu’il n’avait point encore appris à distinguer[1]. » Quel poëte n’a été ainsi, au commencement du

  1. Hoffmeister, Schiller’s Jugend Geschichte, p. 40