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de la vie réelle, et le ciseau donne à la pierre le sentiment et l’éloquence. Sur les élégantes colonnes ioniennes repose un ciel artistique et l’Olympe entier est renfermé dans le Panthéon. Sur les torrents écumeux le pont s’élève, léger comme l’arc-en-ciel d’Iris et comme la flèche ; dans une retraite paisible le savant trace des cercles importants et fait des expériences fécondes : il examine la force de la matière, l’attraction de l’aimant, suit le son dans les airs, la lumière dans l’espace, cherche la loi des phénomènes et le mouvement du pôle. L’écriture donne un corps et une voix à la pensée muette, une feuille éloquente la conserve à travers le cours des siècles, les nuages de l’erreur se dissipent, les fantômes de la nuit s’évanouissent à la lumière ; l’homme brise ses chaînes, heureux se, en brisant les chaînes de la crainte, il ne rompait pas aussi les liens de la sagesse ! Liberté ! crie la raison : liberté ! les désirs aveugles se séparent de la sainte nature, l’homme brise dans la tempête les ancres qui le retenaient prudemment au rivage, le torrent écumeux le saisit et l’emporte dans l’espace, le rivage disparaît, la nacelle privée de ses mâts se balance sur les vagues orageuses, les étoiles se cachent sous les nuages ; rien ne reste, tout est terreur et confusion, la vérité n’est plus dans le langage, la foi et la fidélité ne sont plus dans la vie, le serment est trompeur, le sycophante