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joie ; là, cessent les tourments de l’homme : en vain la calomnie essaierait de t’atteindre, et la séduction de répandre ses poisons sur toi ; en vain le pharisien dirigerait vers toi ses efforts, en vain le meurtre pieux te consacrerait à l’enfer ; les charlatans qui portent le masque d’apôtres peuvent continuer leur rôle, la fille abâtardie de la justice peut se jouer jusqu’à l’éternité du destin des hommes.

La fortune peut fasciner d’un côté ou de l’autre ses courtisans, porter l’homme sur un trône chancelant, puis le rejeter dans la boue. Repose en paix dans ton cercueil, frère, ton œil est à tout jamais fermé à ce tumulte comique et tragique, à ces caprices orageux de la fortune, à cette loterie grotesque, à tout ce tourbillon impur, à ce ciel plein de démons.

Va, ô toi le confident de notre âme, emporte avec toi nos bénédictions ! dors en paix dans la tombe, jusqu’au jour où nous devons nous revoir ; jusqu’à ce que la trompette du Dieu suprême résonne sur les tombeaux, que les portes de la mort s’ouvrent et que les cadavres se relèvent au signal de Dieu ; jusqu’à ce que les sépulcres se meuvent, fécondés par le souffle de Jéhovah ; qu’à sa voix les sépulcres, entourés de la fumée des planètes qui se fondent, vomissent leur proie.

Nous te rejoindrons, non pas dans ces mondes que rêvent les sages, non pas dans le paradis du peuple,