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Peuples, à qui la tempête2
A fait faire tant de vœux,
Quelles fleurs à cette fête
Couronneront vos cheveux ?
Quelle victime assez grande
Donnerez-vous pour offrande ?
Et quel Indique séjour3
Une perle fera naître
D’assez de lustre, pour être
La marque d’un si beau jour ?

Cet effroyable colosse,
Cazaux, l’appui des mutins4,
A mis le pied dans la fosse
Que lui cavoient les destins5.
Il est bas, le parricide.


2. Charmante image, prise aux anciens, et qu’il a répétée mille fois, selon sa coutume. A. Chénier.

3. Image moderne, riche et belle et poétique. Cela donne à nos beaux poèmes une physionomie française ; ils n’ont plus l’air de traductions des anciens. Cette image remplace le :

« Cressa ne careat pulchra dies nota. »

L’image des quatre derniers vers de cette seconde strophe n’est point moderne comme je l’avais cru. La voilà dans Martial :

« O nox omnis, et hora, quæ notata est
« O » Caris littoris indici lapillis ! »

(L. x, c. 38.)

Ce qui ne diminue point du tout le mérite de Malherbe. A. Chénier.

4. Charles Casaux, consul de Marseille, s’étant rendu maître absolu dans cette ville, avec Louis d’Aix, avait appelé les espagnols à son secours pour se maintenir contre les forces du roi, commandées par le duc de Guise. Édit.

5. Cavoient est presque plus beau, là, que creusoient. A. Chénier.