Sont-ce tes beaux desseins, mensongère et méchante,
Qu’une seconde fois ta malice m’enchante,
Et que pour retarder une heure seulement
La nuit déjà prochaine à ta courte journée,
Je demeure en danger que l’ame, qui est née
Pour ne mourir jamais, meure éternellement ?
Non, ne m’abuse plus d’une lâche pensée ;
Le coup encore frais de ma chute passée
Me doit avoir appris à me tenir debout,
Et savoir discerner de la trêve la guerre,
Des richesses du ciel les fanges de la terre,
Et d’un bien qui s’envole un qui n’a point de bout[1].
Si quelqu’un d’aventure en délices abonde,
Il se perd aussi tôt et déloge du monde ;
Qui te porte amitié, c’est à lui que tu nuis ;
Ceux qui te veulent mal sont ceux que tu conserves ;
Tu vas à qui te fuit, et toujours le réserves
À souffrir, en vivant, davantage d’ennuis.
On voit par ta rigueur tant de blondes jeunesses,
Tant de riches grandeurs, tant d’heureuses vieillesses,
- ↑ Ridicule assemblage de deux similitudes incohérentes. Il accouple de même ailleurs deux métaphores qui n’ont aucun rapport.Quel astre malheureux ma fortune a bâtie !C’est pourtant un défaut dont il se moquait beaucoup chez les autres. A. Chénier.