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Je n’ai apprécié cette œuvre que d’une manière fort insuffisante, sans doute, d’une manière fort abrégée ; mais enfin il y a eu effort, il y a eu sacrifice ; car voilà longtemps que je vous entretiens du commentaire, du commentaire seul, et pas un seul mot encore du volume qui le contient. Il faut pourtant bien que le bibliophile ait enfin son tour ; il faut bien que je continue ici, en ce qui touche ce volume, la revue des livres plus ou moins curieux que j’ai commencé de faire avec vous. Parlons donc un peu, madame, de ce que l’impression prochaine du commentaire ne vous apprendra pas.

Mon volume est de l’édition Barbou, 1776, petit in-8º, avec une vie de Malherbe et quelques notes par Meunier de Querlon. Elle a toujours passé pour une des meilleures éditions du poète lyrique ; M. Brunet l’a mentionnée en son lieu. Le livre, du reste, est relié en veau, doré sur tranches, et d’une fort belle conservation. Quant au commentaire, il est écrit avec plus de soin et de netteté qu’aucun des autographes de Chénier que j’ai pu avoir sous les yeux. Il n’offre pas une seule rature, et j’ai lieu de croire qu’André Chénier commençait par faire, sur un papier à part, les brouillons de ses notes, pour les reporter ensuite sur les marges du livre qu’il commentait. Une circonstance singulière indique même l’importance qu’il attachait à son volume ainsi qu’à ses observations, et vous allez en juger par une note qu’il convient que je vous fasse connaître ici, ne croyant pas devoir la joindre aux autres lors de l’impression de l’ouvrage, d’un côté, parce qu’elle se rattache à un point tout matériel, que rien ne rappellerait ; d’un autre côté, parce qu’elle me semble offrir quelque chose de juvénile, peu en rapport avec la gravité du reste de cette publication.