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COMMENTÉ PAR ANDRÉ CHÉNIER.

Et remarquez bien que ce n’est pas à un simple sentiment pudique, assez naturel pourtant chez un jeune homme bien élevé, qu’est due cette observation : c’est la chasteté de sa muse, c’est un goût formé sur les grands modèles, qui seuls se sont ici mis en révoite, car il termine ainsi la note dont il s’agit :

« Ces peintures libertines, qui excitent les sens lorsqu’on les trouve dans une ode bachique ou dans une priapée, choquent et déplaisent dans une occasion comme celle-ci. »

Aussi a-t-il dit particulièrement que c’était là une grande absurdité. Enfin, il pousse même si loin le respect pour les convenances littéraires proprement dites, que voulant, dans une ou deux occasions, flétrir les complaisances de la muse de Malherbe pour les amours illégitimes du roi et de quelques grands, il est amené par son indignation à se servir lui-même d’une expression si énergique, d’un mot tel, que je n’oserais pas, madame, vous le répéter, même tout bas, et que c’est le seul de ce commentaire qu’on sera forcé de remplacer, à l’impression, par des points ou par une sorte d’équivalent.

Je vous ai cité ces deux notes, madame, à cause du caractère particulier qu’elles présentent, et nullement parce qu’elles auraient sur les autres la moindre supériorité. On pourrait dire, au contraire, qu’en tant que notes elles sont peut-être des moins saillantes du commentaire. Vous y en trouverez, en effet, de bien autrement développées, de bien plus savantes, de bien plus remarquables sous le rapport de la critique littéraire. Le grand poète était aussi, vous le savez, un excellent prosateur. Souvent, lorsque les observations sont un peu étendues, lorsque la matière a de l’intérêt,