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COMMENTÉ PAR ANDRÉ CHÉNIER.

production de l’esprit ; cela ne me paraît un avantage ni pour l’écrivain ni pour le lecteur.

Je ne voudrais pas, madame, pour justifier ce que j’ai dit plus haut, diminuer votre plaisir d’avance en faisant de trop longues citations. Ce n’est point ici un article de journal destiné à faire connaître ce commentaire à ceux qui sans cela ne le connaîtraient jamais. Vous le lirez, vous, bientôt, à la suite du texte même de Malherbe ; car un libraire, homme d’esprit et homme de goût, veut absolument que je l’autorise à le donner au public. Mais il m’est impossible de passer sous silence une des premières notes qui, en même temps qu’elle révèle cette douce tristesse, caractère dominant des ouvrages d’André Chénier, présente une triste analogie avec sa déplorable destinée.

Déjà une pensée de Malherbe sur de jeunes existences tranchées par une mort imprévue avait, dans les Larmes de saint Pierre, attiré une première fois son attention ; mais à la même pensée reproduite un peu plus loin dans ce vers :

Le soir fut avancé de leurs belles journées,

Chénier dit :

« Le même vers que j’ai noté, page 12. Peut-être à cette source nous devons le vers divin de La Fontaine :

Rien ne trouble sa fin, c’est le soir d’un beau jour.

 » Pétrarque a dit en un vers délicieux, par la bouche de Laure :

E compi mia giornata innanzi sera.