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POÉSIES.


Depuis que, pour sauver sa terre,
Mon roi, le plus grand des humains,
Eut laissé partir de ses mains
Le premier trait de son tonnerre,
Jusqu’à la fin de ses exploits,
Que tout eût reconnu ses lois,
A-t-il jamais défait armée,
Pris ville, ni forcé rempart,
Où ta valeur accoutumée
N’ait eu la principale part ?

Soit que près de Seine et de Loire
Il pavât les plaines de morts,
Soit que le Rhône outre ses bords
Lui vît faire éclater sa gloire,
Ne l’as-tu pas toujours suivi,
Ne l’as-tu pas toujours servi,
Et toujours par dignes ouvrages
Témoigné le mépris du sort
Que sait imprimer aux courages
Le soin de vivre après la mort ?

Mais quoi ! ma barque vagabonde
Est dans les sirtes bien avant,
Et le plaisir la décevant,
Toujours l’emporte au gré de l’onde.
Bellegarde, les matelots
Jamais ne méprisent les flots,