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LIVRE II.


Qui ne sait de quelles tempêtes
Leur fatale main autrefois,
Portant la foudre de nos rois,
Des Alpes a battu les têtes[1] !
Qui n’a vu dessous leurs combats
Le Pô mettre les cornes bas,
Et les peuples de ses deux rives,
Dans la frayeur ensevelis,
Laisser leurs dépouilles captives
À la merci des fleurs de lis ?

Mais de chercher aux sépultures
Des témoignages de valeur,
C’est à ceux qui n’ont rien du leur
Estimable aux races futures ;
Non pas à toi qui, revêtu
De tous les dons que la Vertu
Peut recevoir de la Fortune,
Connois ce qui vraiment est bien,
Et ne veux pas, comme la lune,
Luire d’autre feu que du tien.

Quand le monstre infâme d’Envie,
À qui rien de l’autrui ne plaît,
Tout lâche et perfide qu’il est,
Jette les yeux dessus ta vie,

  1. Ceci regarde le maréchal de Termes, allié à la maison de Bellegarde. Édit.