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Mais quoi ! puisqu’à ma honte il faut que je l’avoue,
      Elle n’a rien de sa vertu.

L’ame de cette ingrate est une ame de cire,
Matière à toute forme, incapable d’élire,
Changeant de passion aussitôt que d’objet ;
Et de la vouloir vaincre avecque des services,
Après qu’on a tout fait, on trouve que ses vices
      Sont de l'essence du sujet.

Souvent de tes conseils la prudence fidèle
M’avoit sollicité de me séparer d’elle,
Et de m’assujettir å de meilleures lois :
Mais l’aise de la voir avoit tant de puissance,
Que cet ombrage faux m’ôtoit la connaissance
      Du vrai bien où tu m’appelois.

Enfin après quatre ans une juste colère
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Que le flux de ma peine a trouvé son reflux ;
Mes sens qu’elle aveuglait ont connu leur offense,
Je les en ai purgés, et leur ai fait défense
      De me la ramentevoir plus.

La femme est une mer aux naufrages fatale ;
Rien ne peut aplanir son humeur inégale ;
Ses flammes d’aujourd’hui seront glaces demain ;
Et s’il s’en rencontre une à qui cela n’avienne,
Fais compte, cher esprit, qu’elle a comme la tienne
      Quelque chose de plus qu’humain.