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Mais, ô loi rigoureuse à la race des hommes !
C’est un point arrête, que tout ce que nous sommes,
Issus de pères rois et de pères bergers,
La Parque également sous la tombe nous serre ;
Et les mieux établis aux repos de la terre
      N’y sont qu’hôtes et passagers.

Tout ce que la grandeur a de vains équipages,
D’habillemeuts de pourpre et de suite de pages,
Quand le terme est échu, n’alloue point nos jours ;
Il faut aller tout nus où le destin commande ;
Et de toutes douleurs la douleur la plus grande,
      C’est qu’il faut laisser nos amours :

Amours qui, la plupart infidèles et teintes,
Font gloire de manquer à nos cendres éteintes,
Et qui, plus que l’honneur estimant les plaisirs,
Sous le masque trompeur de leurs visages blêmes,
Acte digne du foudre ! en nos obsèques mêmes
      Conçoivent de nouveaux désirs.

Elles savent assez alléguer Artémise,
Disputer du devoir et de la foi promise :
Mais tout ce beau langage est de si peu d’effet,
Qu’à peine en leur grand nombre une seule se treuve
De qui la toi survive, et qui fasse la preuve
      Que ta Carinice te fait.

Depuis que tu n’es plus, la campagne déserte
A dessous deux hivers perdu sa robe verte,