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POÉSIES

Mais, me répondra-t-on, que voulez-vous qu’on fasse ?
Si ce désordre n’est souffert,
Regardez quel sort nous menace ;
Nos maisons seront un désert :
Il est vrai. Mais sachez que, lorsqu’on les en chasse,
Ce n’est que du bruit que l’on perd.
Est-ce un si grand malheur de voir sa chambre vide
De médisans, de jeunes fous,
D’insipides railleurs qui n’ont rien de solide
Que le mépris qu’ils ont pour nous ?
Oui, par nos indignes manières,
Ils ont droit de nous mépriser.
Si nous étions plus sages et plus fières,
On les verrait en mieux user.
Mais inutilement on traite ces matières ;
On y perd sa peine et son temps :
Aux dépens de sa gloire on cherche des amans.

Qu’importe que leurs cœurs soient sans délicatesse,
Sans ardeur, sans sincérité ?
On les quitte de soins et de fidélité,
De respect et de politesse ;
On ne leur donne pas le temps de souhaiter
Ce qu’au moins par des pleurs, des soins, des complaisances,
On devrait leur faire acheter.