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POÉSIES

Ce n’est qu’à des âmes communes
Qu’il appartient de languir dans les fers ;
Mais vous, pour qui des dieux les trésors sont ouverts,
Ne voulez-vous que par vos infortunes
Rendre votre beau nom célèbre à l’univers ?
Assez d’illustres malheureuses
Chez l’immortelle antiquité,
Par leurs plaintes infructueuses
Ont fait passer leur nom à la postérité.

Croyez-vous, plus heureuse qu’elles,
Rallumer le beau feu qu’un ingrat a trahi ?
Qui passe sans raison à des amours nouvelles
Foule aux pieds les devoirs des cœurs tendres, fidèles,
Et ne rougit jamais de s’en être affranchi.
Profitez du destin de ces infortunées ;
Rendez à votre cœur son innocente paix ;
Pour exemple les dieux ne vous les ont données
Que pour couronner leurs bienfaits.
Gardez-vous, en suivant cet avis salutaire,
D’être pour l’avenir un exemple nouveau.
Condamnez, belle Iris, l’amour-propre à se taire ;
Et, consolée enfin d’avoir cessé de plaire,
Jouissez en secret d’un triomphe si beau.