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DIVERSES

Je me percerais le cœur.
À ces mots elle repasse
Dans son esprit alarmé
L’air, les traits, l’esprit, la grâce
De ce berger trop aimé.

Les oiseaux de ce bocage
Se taisent pour écouter
Ce qu’ils entendent chanter
Du beau berger qui l’engage :
Ils voudraient le répéter ;
Mais leur plus tendre ramage
Ne la saurait imiter.

Jamais cette triste amante
Ne voit sur l’herbe naissante
Folâtrer d’heureux amans
Qu’elle ne se représente
Combien l’absence d’Achante
Lui vole de doux momens.

Jamais des bergers ne viennent
De ces bords délicieux
Où les destins le retiennent,
Que son amour curieux