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POÉSIES

D’une vie également belle,
Et qui devait durer toujours,
Si le mérite était un assuré secours
Contre une loi dure et cruelle :
Vous ne vouliez pas que son cœur
Eût le plaisir de voir ce prince dont l’enfance
Fut confiée à sa prudence
Une seconde fois vainqueur
Des fières nations que l’envie et l’erreur
Osent armer contre la France.
Vous êtes satisfaits. Les barbares efforts
De la déesse qui délie
Les invisibles nœuds qui joignent l’âme au corps
Ont fait que sur les sombres bords
Montausier a rejoint sa divine Julie[1].
Tous deux, malgré cette eau qui fait que tout s’oublie,
Sentent encor de doux transports ;
Et tous deux sont suivis de ces illustres morts
Qui, dans une saison aux muses plus propice,
Firent de leurs charmans accords
Retentir si long-temps le palais d’Artenice,
Tandis que des grands noms du héros que je plains

  1. Julie-Lucine d’Angennes, duchesse de Montausier, connue auparavant sous le nom de mademoiselle de Rambouillet, surtout par les œuvres de Voiture.