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POÉSIES

Dont au milieu du jour le soleil étincelle
A-t-elle été fatale à la jeune pudeur ?
Hélas ! combien de fois, complice
Et de meurtres et de larcins,
A-t-elle dérobé de brigands, d’assassins,
Et d’autres scélérats aux yeux de la justice !
Combien avez-vous vu de fois
Le frère, armé contre le frère,
Faire taire du sang la forte et tendre voix,
Et dans l’héritage d’un père
Par le crime acquérir de légitimes droits !
Parlez, forêts ; jadis une de vos semblables
Daigna plus d’une fois répondre à des mortels :
Quelles fureurs aussi coupables
Pouvons-nous reprocher à vos hôtes cruels ?
Si quelquefois entre eux une rage soudaine
Les porte à s’arracher le jour,
Ce n’est point l’intérêt, l’ambition, la haine
Qui les anime ; c’est l’amour.
Lui seul leur fait troubler votre sacré silence ;
Amoureux, rivaux et jaloux,
Leur cœur ne peut souffrir la moindre préférence,
La mort leur semble un sort plus doux.
D’une si belle excuse, au dur siècle ou nous sommes,
On ne peut déguiser les maux que nous faisons ;