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DIVERSES

Des leçons qui l’ont fait rougir de sa faiblesse ;
Et, quoiqu’il s’applaudisse, il doit à leur adresse
Plus d’un art que, sans eux, il n’aurait jamais su.
Innocens animaux, quelle reconnaissance
Avons-nous de tant de bienfaits ?
Des présens de la terre, hélas ! peu satisfaits,
Nous vous sacrifions à notre intempérance :
Quelle inhumanité ! quelle lâche fureur !
Il n’est point d’animal dont l’homme n’adoucisse
La brutale et farouche humeur,
Et de l’homme il n’est point d’animal qui fléchisse
Le cruel et superbe cœur.
De quel droit, de quel front est-ce que l’on compare
Ceux à qui la nature a fait un cœur barbare
Aux ours, aux sangliers, aux loups ?
Ils sont moins barbares que nous.
Font-ils éprouver leur colère,
Que lorsque d’un chasseur avide et téméraire
Le fer ennemi les atteint,
Ou que lorsque la faim les presse et les contraint
De chercher à la satisfaire ?
Vaste et sombre forêt, leur séjour ordinaire,
N’est-ce, en vous traversant, que leur rage qu’on craint ?
Hélas ! combien de fois cette nuit infidèle
Que vous offrez contre l’ardeur