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POÉSIES

À l’active fourmi ressemble ?
À voir sa prévoyance, il semble
Qu’elle ait de l’avenir percé l’obscurité,
Et qu’étant au-dessus de la faiblesse humaine,
Elle ne fasse point de cas
De tout ce qu’étale d’appas
La volupté qui nous entraîne.
Quels états sont mieux policés
Que l’est une ruche d’abeilles ?
C’est là que les abus ne se sont point glissés,
Et que les volontés en tout temps sont pareilles.
De leur roi qui les aime elles sont le soutien ;
On sent leur aiguillon dès qu’on cherche à leur nuire ;
Pour les châtier il n’a rien ;
Il n’est roi que pour les conduire,
Et que pour leur faire du bien.
En vain notre orgueil nous engage
À ravaler l’instinct qui dans chaque saison,
À la honte de la raison,
Pour tous les animaux est un guide si sage.
Ah ! n’avons-nous pas dû nous dire mille fois,
En les voyant être heureux sans richesse,
Habiles sans étude, équitables sans lois,
Qu’ils possèdent seuls la sagesse ?
Il n’en est presque point dont l’homme n’ait reçu