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POÉSIES

Que ses inutiles richesses ;
Et qui jeune a donné tout son temps à l’amour,
Un pied dans le tombeau veut encor des maîtresses.
Il reste dans l’esprit un goût pour les plaisirs
Presque aussi dangereux que leur plus doux usage.
Pour être heureux, pour être sage,
Il faut savoir donner un frein à ses désirs.
Mieux qu’un autre, sage Timandre,
De cet illustre effort vous connaissez le prix.
Vous en qui la nature a joint une âme tendre
Avec un des plus beaux esprits ;
Vous qui, dans la saison des grâces et des ris,
Loin d’éviter l’amour, faisiez gloire d’en prendre,
Et qui, par effort de raison,
Fuyez de ses plaisirs la folle inquiétude,
Avant que l’arrière-saison
Vous ait fait ressentir tout ce qu’elle a de rude.