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DIVERSES

D’un cœur indifférent il bannit les froideurs.
L’indifférence est pour les cœurs
Ce que l’hiver est pour la terre.
Que nous servent, hélas ! de si douces leçons ?
Tous les ans la nature en vain les renouvelle ;
Loin de la croire, à peine nous naissons,
Qu’on nous apprend à combattre contre elle ;
Nous aimons mieux, par un bizarre choix,
Ingrats esclaves que nous sommes,
Suivre ce qu’inventa le caprice des hommes,
Que d’obéir à nos premières lois.
Que votre sort est différent du nôtre,
Petits oiseaux qui me charmez !
Voulez-vous aimer, vous aimez.
Un lieu vous déplaît-il, vous passez dans un autre ;
On ne connaît chez vous ni vertus ni défauts :
Vous paraissez toujours sous le même plumage ;
Et jamais dans les bois on n’a vu les corbeaux
Des rossignols emprunter le ramage.
Il n’est de sincère langage,
Il n’est de liberté que chez les animaux.
L’usage, le devoir, l’austère bienséance,
Tout exige de nous des droits dont je me plains ;
Et tout enfin du cœur des perfides humains
Ne laisse voir que l’apparence.