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DIVERSES

Contre un tas de grimauds dont Parnasse fourmille !
À ces mots, d’Apollon le courroux s’apaisa ;
Il demande mon chien, commande qu’il s’avance,
Le trouva beau, le caressa,
Et, malgré l’humble remontrance
De messieurs les auteurs, il l’immortalisa.
Je t’affranchis des lois de la sourde déesse,
Dit-il à ce chien précieux ;
Demeure en ces aimables lieux
Dans une éternelle jeunesse.
Connaissant ta capacité
Je commets à tes soins notre tranquillité ;
Au pied du mont sacré je t’assigne une place ;
Par le mérite faux garde d’être surpris ;
Et quelque terrible menace,
Quelque prière qu’on te fasse,
Ne permets d’y monter qu’à mes seuls favoris ;
Déchire à belles dents ceux dont la folle audace
De mes doctes chansons croit emporter le prix,
Et pour ces demi-beaux esprits
Soit le cerbère du Parnasse.
Ce discours prononcé, les neuf savantes sœurs
De mon heureux chien s’approchèrent,
Et, pour lui décerner les suprêmes honneurs,
Jusques aux bords du Styx dans leurs bras le portèrent