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POÉSIES

La montagne à double croupe.
Par l’un d’eux mon chien est pris ;
On détache un de la troupe
Pour avertir du fait le dieu des beaux esprits,
À peine eut-on compté cette bizarre histoire,
Qu’Apollon s’écria, de son honneur jaloux :
Un chien a l’audace de boire
En même fontaine que nous !
Alors, prenant son arc d’ivoire,
Il allait, pour venger sa gloire,
Percer mon chien de mille coups,
Si, d’un air agréable et doux,
La badine Érato n’eût pris soin du coupable.
Puissant dieu, lui dit-elle, hélas !
Pour ce pauvre tou-tou devenez plus traitable ;
Il vaut bien qu’on en fasse cas :
C’est l’illustre chien d’Amarille
Dont j’ai tant chanté les appas ;
Ni le chien qui jappe là-bas,
Ni le chien dont l’Olympe brille
En bon sens ne l’égalent pas ;
Il démêle un sot de cent pas,
Le poursuit, l’aboie et le pille.
Ah ! pour le repos de nos jours,
Que n’avons-nous un tel secours