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POÉSIES


Tombez, feuilles, tombez ; d’un destin rigoureux
Ce n’est point à vous à vous plaindre :
Le soleil vous rendra, d’un regard amoureux,
Les brillantes couleurs que l’hiver ose éteindre.
Mais j’ai beau vers le ciel pousser ma faible voix,
D’aucun succès, hélas ! ma plainte n’est suivie :
Le ciel pour les mortels a prescrit d’autres lois ;
Le destin à Tircis ne rendra point la vie.
Mes tristes yeux l’ont vu pour la dernière fois.



Près d’un amant heureux c’est en vain qu’on espère
Renfermer de son cœur le trouble dangereux ;
À travers l’air le plus sévère
Brille je ne sais quoi d’animé, d’amoureux,
Dont, quelque effort qu’on puisse faire,
Rien n’échappe aux regards de l’amant malheureux.



De tous les bergers de nos bois
Je croyais que Tircis était le plus fidèle ;
Il était charmé de son choix,
Et nulle autre que moi ne lui paraissait belle.