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DIVERSES

Sur ses vrais intérêts il craint de voir trop clair ;
Et, dans la vanité qui sans cesse l’occupe,
Ce nouvel Ixion n’embrasse que de l’air.
N’être plus qu’un peu de poussière
Blesse l’orgueil dont l’homme est plein,
Il a beau faire voir un visage serein,
Et traiter de sang-froid une telle matière,
Tout dément ses dehors, tout sert à nous prouver
Que par un nom célèbre il cherche à se sauver
D’une destruction entière.

Mais d’où vient qu’aujourd’hui mon esprit est si vain ?
Que fais-je ? et de quel droit est-ce que je censure
Le goût de tout le genre humain,
Ce goût favori qui lui dure
Depuis qu’une immortelle main
Du ténébreux chaos a tiré la nature ?
Ai-je acquis dans le monde assez d’autorité
Pour rendre mes raisons utiles,
Et pour détruire en lui ce fond de vanité
Qui ne peut lui laisser aucuns momens tranquilles ?
Non ; mais un esprit d’équité
À combattre le faux incessamment m’attache
Et fait qu’à tout hasard j’écris ce que m’arrache
La force de la vérité.