Page:Poésies de Madame Deshoulières 1824.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
DIVERSES

À quel dessein, dans quelles vues,
Tant d’obélisques, de portraits,
D’arcs, de médailles, de statues,
De villes, de tombeaux, de temples, de palais,
Par leur ordre ont-ils été faits ?
D’où vient que pour avoir un grand nom dans l’histoire
Ils ont à pleines mains répandu les bienfaits,
Si ce n’est dans l’espoir de rendre leur mémoire
Illustre et durable à jamais ?
Il est vrai que ces espérances
Ont quelquefois servi de frein aux passions ;
Que par elles les lois, les beaux-arts, les sciences,
Ont formé les esprits, poli les nations,
Embelli l’univers par des travaux immenses,
Et porté les héros aux grandes actions.
Mais aussi combien d’impostures,
De sacriléges, d’attentats,
D’erreurs, de cruautés, de guerres, de parjures,
A produit le désir d’être après le trépas
L’entretien des races futures !
Deux chemins différens, et presque aussi battus,
Au temple de mémoire également conduisent.
Le nom de Pénélope et le nom de Titus
Avec ceux de Médée et de Néron s’y lisent.
Les grands crimes immortalisent