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POÉSIES


III.

Est-ce vivre ? et peut-on, sans que l’esprit murmure,
Se donner tout entière aux soins de sa parure ?
Se peut-il qu’on arrive à cet instant fatal
Qui termine les jours que le destin nous prête,
Sans avoir jamais eu d’autres soucis en tête
Que de ce qui sied bien ou mal ?
Faire de sa beauté sa principale affaire
Est le plus indigne des soins.
Le dessein général de plaire
Fait que nous plaisons beaucoup moins.

IV.

Lorsque la mort moissonne à la fleur de son âge
L’homme pleinement convaincu
Que la faiblesse est son partage,
Et qui contre ses sens a mille fois vaincu,
On ne doit point gémir du coup qui le délivre.
Quelque jeune qu’on soit, quand on a su bien vivre,
On a toujours assez vécu.