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POÉSIES

À pâlir sur Pindare, Homère, Horace, Plaute,
Devrait y demeurer toujours.
S’il entre dans le monde avec un tel secours,
Il y fera faute sur faute ;
Il portera partout l’ennui.
Un ignorant qui n’a pour lui
Qu’un certain savoir vivre, un esprit agréable,
À la honte du grec et du latin, fait voir
Combien doit être préférable
L’usage du monde au savoir.

XVII.

Que l’esprit de l’homme est borné !
Quelque temps qu’il donne à l’étude,
Quelque pénétrant qu’il soit né,
Il ne sait rien à fond, rien avec certitude.
De ténèbres pour lui tout est environné.
La lumière qui vient du savoir le plus rare
N’est qu’un fatal éclair, qu’une ardeur qui l’égare :
Bien plus que l’ignorance elle est à redouter.
Longues erreurs qu’elle a fait naître,
Vous ne prouvez que trop que chercher à connaître
N’est souvent qu’apprendre à douter.