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DIVERSES

Il est plus grand, plus difficile
De souffrir le malheur que de s’en délivrer.

XI.

L’encens qu’on donne à la prudence
Met mon esprit au désespoir.
À quoi donc nous sert-elle ? À faire voir d’avance
Les maux que nous devons avoir.
Est-ce un bonheur de les prévoir ?
Si la cruelle avait quelque règle certaine
Qui pût les écarter de nous,
Je trouverais les soins qu’elle donne assez doux :
Mais rien n’est si trompeur que la prudence humaine.
Hélas ! presque toujours le détour qu’elle prend
Pour nous faire éviter un malheur qu’elle attend
Est le chemin qui nous y mène.

XII.

Palais, nous durons moins que vous,
Quoique des élémens vous souteniez la guerre,
Et quoique du sein de la terre
Nous soyons tirés comme vous.
Frêles machines que nous sommes,