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POÉSIES

L’art, la nature, cent mille hommes,
Et ce que l’hiver a d’horreurs,
Malgré la saison où nous sommes,
Auront vainement entrepris
De rendre Namur imprenable ;
Quand Louis l’attaque, il est pris.
Et cet amas de rois que sa puissance accable,
Est la montagne de la Fable,
Qui de l’attention fait passer au mépris.

Non, je ne me suis point trompée :
Je vois courir le peuple, et je lis dans ses yeux
Que Louis est victorieux.
Ma crainte pour sa vie est enfin dissipée,
Et je n’aspire plus qu’à revoir dans ces lieux
Ce héros dont mon âme est toujours occupée.
Goutte, qu’on vit trop tôt finir,
Et dont je viens d’avoir l’audace de me plaindre,
Puisque pour ce vainqueur on n’a plus rien à craindre,
Gardez vous bien de revenir.
Ne le dérobez point à notre impatience.
Lorsqu’il est éloigné de nous,
Tout est enseveli dans un morne silence,
Et le faible plaisir que donne l’espérance
Est le seul plaisir qui soit doux.