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POÉSIES

Où de vives douleurs attaquaient ce héros,
Que ses maux quelque jour auraient pour nous des charmes ?
Mais quel bruit, quelle voix se répand dans les airs ?
Quoi donc ! messagère invisible
De tout ce qui se fait dans ce vaste univers,
Auprès du grand Roi que tu sers
On voit couler le sang[1]. Événement terrible !
Quelle idée offrez-vous à mon cœur agité ?
Sur l’excès de valeur et d’intrépidité,
Ce héros sera-t-il toujours incorrigible ?
Vous n’avez pas assez duré,
Goutte dont j’étais si contente ;
Vous trompez ma plus douce attente,
Vous en qui j’espérais, et que j’avais juré
De célébrer un jour par quelque grande fête,
Si, pour nous conserver une si chère tête,
Dans le camp de Namur vous aviez mesuré
Votre durée à sa conquête.
Ah ! que ne laisse-t-il à son auguste fils
Dompter de mortels ennemis,
Fameux par leur rang, par leur nombre,
Mais qu’à suivre son char le ciel a condamnés ?
Qu’il ne nous quitte plus, qu’il se repose à l’ombre

  1. Plusieurs personnes blessées auprès du Roi au siége de Namur.